Un mot de la fondatrice, Camila Ríos Armas
Après plus d’un an depuis le début de la pandémie, je prends le temps de mener une réflexion sur ce qui a été pour moi, fondatrice et directrice d’une association au service de l’autre, de gérer une équipe à distance. Aujourd’hui cela semble anodin, facile, même “normal”. Mais cela n’a pas été le cas en mars 2020.
Les candidatures pour les cours de français étaient en cours. Notre programme Intercultur’elles (un mentorat à destination des femmes) devait être lancé en avril, les candidatures aux programmes universitaires aussi. Nous n’avons pas changé les plans. Tout le contraire: le fait d’être confiné·e·s nous a poussé à être créatifs pour mettre en place des activités à destination de nos étudiant·e·s, malgré les circonstances. Mais je ne veux pas vous parler de cela. Les résultats sont disponibles dans les pages qui suivent. Je veux vous parler de mon expérience personnelle, de la posture de “cheffe” face à une équipe, et face à moi-même.
J’ai vécu le confinement toute seule, à Paris. Si je suis juste, je dois dire que je n’étais pas toute seule. J’y étais avec un chat à oreilles courtes, Katzelé, et mes plantes. J’ai rapidement créé une routine de course à pied, de sport avec ma tante et ses amies sur Zoom, de réunions, et de point de check-in avec chaque membre de l’équipe. Rester calme pour que les autres soient calmes. Concevoir un plan pour continuer à travailler au milieu de toute l’incertitude autour de nous. Dans cette démarche j’ai retrouvé le yoga et une communauté de soutien à distance. Tout à distance.
J’ai eu des doutes, des peurs, des moments de questionnement. Des jours où les seuls bruits dans mon appartement étaient le ronflement de Katzé et les casques des chevaux des policiers qui se promenaient dans ma rue, jadis bruyante. J’ai dû comprendre que même si j’étais là pour mon équipe il y a avait des situations ingérables. Accepter mes limites. Avoir une stagiaire hospitalisée, être confrontée aux difficultés de la fracture numérique, ne pas pouvoir répondre au besoin de contact des personnes que nous accompagnions, avoir la famille loin, très loin. Jongler entre être transparente par rapport à mes peurs et réussir à motiver mon équipe. Jongleuse.
J’ai pensé me porter bénévole pour faire des maraudes en plus du travail d’UniR mais je finissais mes journées après 19h. Tout en ligne. Tout à distance. Se répéter mille fois que même si je n’étais pas en contact direct avec nos étudiant·e·s mon travail permettait à plus de 100 personnes de bénéficier d’un accompagnement. Des fois, nous avons du mal à croire ce que nous ne voyons pas.
Depuis 2014 beaucoup de mes relations personnelles sont en ligne. Mon ou ‘le’ contact avec ma famille se passe au travers d’un écran. Je n’ai jamais pensé que j’aurais aussi ma vie professionnelle à distance, en ligne. Qu’en ligne. Les semaines ont passé. Nous avons réussi à continuer les activités. Je me suis réfugiée en moi-même, dans la méditation et le monde intérieur mais aussi dans mon équipe. Aujourd’hui après plus d’un an sans avoir toute l’équipe ensemble dans un même espace, en nous voyant dans nos nouveaux locaux, je me surprends de ce que nous avons accompli. Je me surprends de l’année passée et je célèbre de pouvoir nous y retrouver. Car, comme j’ai entendu une fois David Robert le dire “mon travail consiste en faire que tout le monde soit heureux pour qu’ils puissent faire leur travail”. Ça a l’air simple mais ce n’est pas le cas et en rigolant tous, autour du déjeuner, entre les boîtes des cartons du déménagement et les livres encore dans des valises, je laisse les peurs de côté et j’ai la forte conviction (même si c’est que pour un instant) que j’ai bien fait mon travail. Que si nous sommes là c’est car, après tout, nous avons surmonté la pandémie. Même si elle est encore une réalité effrayante dans beaucoup de pays. Même si elle m’empêche encore de retrouver ma famille.
Dans le contexte professionnel, je retiens de cette crise l’importance de communiquer, la grande estime que j’ai pour les personnes qui se sont engagées auprès d’UniR depuis sa création (et encore plus pendant les confinements), et le rôle clé qu’a le numérique dans l’éducation et que nos services peuvent être proposés à des personnes éloignées des grandes villes (ou de Paris, où nous sommes basé·e·s). Nous avons réussi l’épreuve à distance mais je continue à être une personne qui privilégie le rapport humain, le présentiel. Le défi c’est de faire du numérique un tremplin pour nos services en gardant notre essence en tant qu’organisation qui est toujours à l’écoute de nos étudiant·e·s.
Je vous invite à découvrir la belle évolution d’UniR en lisant notre rapport d’activité 2020 :