Dans le monde, environ 281 millions de personnes¹ vivent dans un pays autre que leur pays de naissance. Parmi elles, 108,4 millions² sont considéré·e·s comme “déplacé·e·s de force”, contraint·e·s de migrer en raison de conflits et de violences. L’actualité vient alourdir ce chiffre : “près de 1,9 million de personnes, soit plus de 85% de la population de Gaza, ont été déplacées à travers l’enclave”³ en l’espace de deux mois.

Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des migrant·e·s (18 décembre), nous souhaitons apporter un autre regard et promouvoir une migration inclusive, en donnant la parole à trois étudiant·e·s que nous accompagnons, Angelly, Atia et Nazim.

En tant qu’association qui soutient les parcours académiques et socio-professionnels des personnes réfugiées et demandeuses d’asile, nous sommes convaincu·e·s que l’accès à l’éducation, en plus d’être un droit fondamental, est aussi un véritable levier d’inclusion pérenne. 

« Reprendre les études, pour moi, c’est vraiment l’idée d’aller plus loin »
Angelly, étudiante accompagnée par UniR

La décision de poursuivre des études dans un nouveau pays constitue souvent un chemin vers l’autonomie et l’indépendance, et favorise à la fois le développement personnel et professionnel, ainsi que la concrétisation de projets individuels. En ce sens, la reprise d’études peut avoir un impact significatif sur l’épanouissement des personnes.

C’est aussi une précieuse reconnaissance de l’expérience passée et des compétences acquises, un outil pour les consolider et les enrichir. “Moi, j’aime bien tout le temps apprendre de nouvelles connaissances” : Angelly, actuellement étudiante en DU Hospitalité, Médiations et Migrations à l’INALCO, souhaite poursuivre ses études jusqu’à réaliser un doctorat en sciences sociales. 

« La recherche, c’est vraiment mon truc. J’aimerais participer à des projets qui sont liés aux jeunes qui ont un statut de réfugié·e, exilé·e, demandeur·se d’asile, etc. Ça, c’est vraiment quelque chose que j’adore faire » Angelly

Pour elle, les études sont aussi une manière de mieux s’intégrer socialement et d’améliorer sa maîtrise de la langue française. Les universités, en tant qu’espaces de vie collective, jouent en effet un rôle primordial dans l’inclusion sociale, et offrent l’opportunité de rencontrer des personnes, tisser des liens amicaux et construire un réseau de soutien solide.

Enfin, reprendre ses études, c’est également une voie pour contribuer activement à la société d’accueil, une aspiration souvent exprimée par les personnes que nous accompagnons.

« Une fois diplômée, je me dis que je pourrais contribuer à la société française avec mes compétences et mes connaissances » 
Atia, participante à notre programme FLE 2.0

Néanmoins, reprendre ses études en France peut être un réel défi pour les personnes exilées. La barrière de la langue, le système administratif complexe, l’isolement social, la difficulté de trouver un logement digne, le manque de ressources et d’accès au réseau … sont autant d’obstacles susceptibles d’entraver leurs parcours.

Atia nous raconte : “Auparavant, j’étais cadre dans une société multinationale japonaise. Mais après mon arrivée en France, j’ai trouvé qu’il était très difficile de recommencer une carrière sans connaître la langue française et sans avoir un diplôme français”.


© Vanessa Silvera

Dans le cadre de notre partenariat avec le Collège de Paris, Atia a récemment été admise en MBA. En parallèle, elle vient de valider avec nous le niveau A2 en français. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, le chemin a été long : “La plus grande barrière que j’ai jamais rencontrée en France, c’était la barrière administrative”. 

Pour Angelly non plus, ça n’a pas été évident de comprendre le système éducatif français : “Suivant ma situation administrative en France, je ne savais pas si je devais candidater sur la Demande d’Admission Préalable, sur Parcoursup, etc”.

« Depuis 2019, j’essayais de m’inscrire en master. Malheureusement, je n’avais pas de chemin clair pour obtenir une admission dans une université française, jusqu’à rencontrer UniR » 
Nazim, participant à notre programme FLE 2.0

Nazim a pour projet de créer une entreprise de logiciels en France. Pour cela, il souhaite se concentrer sur le développement de ses compétences et “étudier des sujets liés aux affaires”. Cette année, il est lui aussi entré en MBA au Collège de Paris : “Cela m’aidera à établir mon entreprise et à réaliser mon rêve”. 


© Vanessa Silvera

A UniR, nous sommes fièr·e·s de pouvoir accompagner Angelly, Atia, Nazim, et tant d’autres, dans leurs projets académiques et socio-professionnels, et surtout d’être témoins de leurs réussites.

En cette journée qui célèbre la migration, nous saisissons aussi l’occasion de rappeler que chacun·e peut apporter une contribution significative aux parcours des personnes en situation d’exil. Si vous croyez, comme nous, que la migration et la diversité sont une richesse pour les sociétés, nous vous encourageons à vous impliquer dans cette cause. Que ce soit en soutenant des associations, en offrant votre temps en tant que bénévole, ou même en faisant entendre votre voix lors des discussions avec vos proches (c’est l’occasion, en cette période de fêtes!), les possibilités sont multiples !

Et si vous souhaitez agir à nos côtés, c’est par ici.


© Keskesor Evenement

Un grand merci à Angelly, Atia et Nazim pour leurs précieux récits. Et merci à Sarah Aguilera pour avoir contribué à la collection des témoignages.

Sources des chiffres évoqués : ¹ World Migration Report ; ² Rapport HCR ; ³ Article Nations Unies